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(Re)nouer le dialogue entre acteurs des énergies renouvelables et acteurs de défense de la biodiversité : Et si l’Occitanie montrait la voie ?

#EN BREF
La perte de biodiversité et la dépendance aux énergies fossiles sont deux problématiques cruciales pour la transition écologique. En Occitanie, ces enjeux sont pris à bras le corps par des écosystèmes d’acteurs bien constitués et des stratégies régionales. Si de prime abord l’objectif est commun, celui de défendre une planète vivable pour les humains et les autres espèces, les couloirs dans lesquels avancent chacun de ces réseaux sont souvent parallèles et les espaces pour se croiser et échanger de l’information se font rares. Pire, certaines organisations ne se croisent qu’à l’occasion de désaccords ou de conflits sur des projets.

ECLR et le réseau CLER s’engagent, en partenariat avec FNE Occitanie, la LPO et WWF, pour permettre une meilleure interconnaissance des enjeux entre ces réseaux, afin de concilier l’émergence de projets d’énergies renouvelables et l’amélioration de la biodiversité.

Améliorer la biodiversité en Occitanie : quelle place pour les énergies renouvelables ?

En Occitanie, plus de la moitié des espèces françaises de faune et de flore sont présentes.

Une richesse incroyable liée à la diversité géographique et bioclimatique de notre région, des forêts cévenoles au littoral méditerranéen, en passant par les Pyrénées et le Massif Central. Parmi ces espèces, plusieurs sont menacées, voire en voie d’extinction. Les menaces qui pèsent sur la survie de la faune et la flore sont toutes liées à l’activité humaine. Le réchauffement climatique est le phénomène majeur qui met en danger des écosystèmes entiers (incendie, raréfaction de la ressource en eau, inondations…). Cette menace climatique est majoritairement causée par le rejet croissant de CO2 dans l’atmosphère, lui-même principalement causé par les énergies fossiles que nous consommons. Ainsi, pour lutter contre le dérèglement climatique qui menace la biodiversité, il faut opérer une transition : réduire nos consommations et passer des énergies fossiles aux énergies renouvelables.

Mais d’autres pressions sur la biodiversité s’exercent… parfois elles-mêmes liées à l’aménagement de projets d’énergies renouvelables.

C’est là que le bât blesse : pour défendre la biodiversité, de nombreux acteurs (associatifs ou institutionnels) se retrouvent à mener des actions contre des projets EnR. Par exemple, travailler à empêcher l’installation d’un projet éolien sur une zone donnée car il poserait un sérieux risque de collision mortelle pour certaines espèces de chauve souris, espèces longévives à la reproduction lente et pour lesquelles la mort d’un individu met en péril la survie des espèces toutes entières. Ou encore, un projet de parc photovoltaïque dont l’installation sur une zone donnée nécessiterait de défricher une forêt qui abrite une riche biodiversité. Bien souvent, les personnes engagées dans des organisations de défense de la biodiversité voient les projets d’énergies renouvelables comme des menaces. Ces organisations en viennent à ne parler de transition énergétique presque uniquement sous l’angle de l’opposition à des projets. Au sein même de ces réseaux, d’ailleurs, des désaccords de fond et de stratégie existent et animent les débats sur les répertoires d’action à manier.

Les énergies renouvelables : pour la biodiversité ou malgré elle ?

Développer des énergies renouvelables, on le fait par conviction, pour lutter contre le dérèglement climatique.

Rares sont les acteurs des énergies renouvelables qui sont dans le secteur par passion technique pour les cellules photovoltaïques ou la gestion d’un réseau de biogaz. En tout cas, ce n’est jamais seulement pour ça. Ce qui anime la majorité des acteurs de ce secteur (qu’ils soient publics, privés, associatifs ou coopératifs) c’est le souhait d’agir pour que nos usages énergétiques cessent de polluer et de menacer l’habitabilité de la planète. Pour cela, le rapport du GIEC est clair, il faut passer des énergies fossiles à des énergies renouvelables . Cela peut se résumer en 4 points :

  • le rejet de CO2 dans l’atmosphère est responsable de l’effet de serre, et donc du réchauffement de la planète
  • 80% des émissions mondiales CO2 dégagé dans l’atmosphère vient de l’extraction et de la combustion d’énergies fossiles
  • Il faut donc se passer du pétrole, du charbon et du gaz et remplacer (et non pas accumuler) par des usages électriques. La consommation d’énergie doit diminuer, et sur toute cette énergie consommée, la part électrique, elle, va drastiquement augmenter.
  • L’augmentation de la consommation électrique pose la question de la production d’électricité : tous les travaux de prospectives s’accordent pour le dire, il faut accélérer le développement des énergies renouvelables d’ici 2035 (en compensant le retard). Cela ne fait plus débat.

Urgence climatique vs patience et saut d'obstacles dans les EnR

L’urgence est sur toutes les lèvres et pourtant, mener un projet d’énergie renouvelable est un véritable saut d’obstacles et de contraintes (voir cet article du réseau Cler). D’ailleurs, l’autre terme pour dire “développer” un projet, c’est “dérisquer”. Car dans les 10 années qu’il faut pour faire sortir un parc éolien de terre, un chargé de projet va passer son temps à gérer des “risques”. Une manière d’envisager le développement des projets comme des objets économiques nécessitant d’investir, avec l’éventualité que le projet ne voit pas le jour pour une raison ou une autre (capacité de raccordement au réseau haute tension, obtention ou non des appels d’offre de la Commission de Régulation, obtention ou non de l’autorisation administrative et environnementale, etc). Des règles du jeu qui impliquent un modèle capitalistique du développement EnR (il faut de la capacité d’investissement à risque pour être développeur d’EnR) et on se retrouve, au final, à considérer la biodiversité comme une contrainte à gérer. Évidemment, l’usage du terme « contrainte », souvent ne dit rien des valeurs des hommes et femmes qui l’emploient, mais en dit long, par contre, sur le logiciel qui s’impose aux métiers des énergies renouvelables. D’ailleurs, dans les EnR, toutes les structures n’ont pas les mêmes postures et pratiques et là aussi, des controverses existent sur la manière d’envisager le développement EnR.

Concilier les enjeux de défense de la biodiversité et des énergies renouvelables par le dialogue.

Il est dans l’intérêt de la biodiversité de remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables.

Protéger notre environnement, c’est la motivation principale de celles et ceux qui s’engagent dans le secteur des renouvelables. Pourtant, deux mondes se dessinent et se parlent peu. Alors, (re)nouer le dialogue semble indispensable pour une transition écologique réussie.

Quelques initiatives existent déjà pour rapprocher ces deux milieux. On pense par exemple à la journée organisée en 2021 par ECLR, le Gefosat et FNE à Aubais pour parler de photovoltaïque au sol et de biodiversité (rappel de cette journée ici). On pense plus largement aux outils déployés par FNE pour outiller ses adhérents, engagés dans la défense de la biodiversité avant tout, à dépasser les avis par “filière” pour plutôt questionner sur un projet donné ses aspects intéressants et ceux qui sont problématiques. On pense aussi à l’action que mène les Parcs Naturels Régionaux dont les chartes et projets de territoire sont, en soi, une conciliation d’enjeux au profit d’une trajectoire locale commune. Enfin, on pense au CRERCO, qui réunit des aménageurs (pas seulement EnR) et des acteurs de la biodiversité autour des pratiques “Eviter, Réduire, Compenser”.

C’est dans la même perspective que s’inscrit la démarche qui s’ouvre : aller vers plus de dialogue et un véritable échange de perspectives et de connaissances. Permettre à chacun de mieux comprendre la manière dont l’autre travaille son sujet, amener de la nuance, du partage de connaissances. Dans le cadre de la démarche Dialogue Biodiversité & EnR, le réseau Cler, ECLR, FNE, la LPO et WWF vous inviteront conjointement à des temps d’échanges et des visites de sites en Occitanie pour faire un pas de côté, pour que la transition écologique fasse un bond en avant.

Le programme des rencontres est en cours de préparation. Il s’adressera à toutes les personnes déjà engagées dans ces réseaux en Occitanie : élus locaux, développeur d’énergies renouvelables, écologues, juristes, etc.

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