Parc solaire citoyen : de quoi parle-t-on ?

Le chantier de la transition énergétique concerne tous les acteurs d’un territoire : citoyens, associations, entreprises, collectivités, agriculteurs. Parmi les projets d’énergies renouvelables qui peuvent être développés par le territoire, on retrouve les parcs photovoltaïques. Pas besoin d’être un expert des énergies renouvelables, une grande variété de compétences (communication, comptabilité, juridique, etc.) est nécessaire pour mener à bien un projet de ce type. Il y a donc de la place pour tout le monde et ce peut être un beau chantier de collaborations.

Voici les principales configurations possibles :

    • Un projet initié par des acteurs locaux (citoyens, agriculteurs, entreprises locales…) et qui trouve dans les collectivités et/ou développeurs, des partenaires.
    • Un projet initié par la collectivité, en partenariat ou non avec un développeur, et ouvert ou non aux habitants.
    • Un développeur qui ouvre son projet à la participation des citoyens et/ou collectivités
    • Une centrale déjà en fonctionnement rachetée par des collectivités et/ou des citoyens

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On parle de « parc citoyen » ou de « parc à gouvernance locale » lorsque le territoire (via ses habitants et ses collectivités publiques locales) sont aux manettes pour prendre les décisions concernant le projet (à minima à 40% de poids de gouvernance).

Des parcs solaires gouvernés localement : du nouveau sous le soleil d'Occitanie !

Le modèle de parcs photovoltaïques développés par les acteurs locaux  (collectivités et habitants) est innovant mais déjà bien éprouvé ! D’ailleurs, il n’y a pas qu’un seul modèle, mais plusieurs types de montages / portages et plusieurs types de projets. Chaque projet est unique et le montage doit s’adapter au contexte local.

Même si chaque projet est unique, nous proposons de les ranger en 2 grandes catégories :

 

Petits parcs 250kwc portés par des coopératives locales

En Occitanie, plusieurs collectifs ont déjà monté des parcs photovoltaïques de 250kwc. Les avantages de ce modèle sont multiples : 

  • Implantation facilitée : la dimension du projet est telle qu’il s’intègre à différents contextes locaux. Tous les territoires, mêmes les métropoles, peuvent contribuer à la transition énergétique citoyenne.
  • Impacts évités et réduits : plutôt que d’occuper plusieurs hectares, ces parcs peuvent s’intégrer dans des zones plus réduites et donc privilégier les espaces les moins sensibles en termes de biodiversité.
  • Rapidité d’exécution : les autorisations administratives étant facilitée, le parc peut voir le jour en 18 mois.
  • Cohérence entre production et consommation : ces parcs peuvent être implantés sur des petites communes. Ils approvisionnent environ 100 foyers en électricité, ce qui, sur certains territoires, correspond à la population de la commune.
  • Penser en grappe  pour atteindre progressivement mais surement des capacités de production cohérentes avec les besoins locaux, tout en garantissant une répartition planifiée et organisée de cette production.

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Exemples concrets :

  •  Les Survoltés d’Aubais : le parc du Watt Citoyen dans le Gard (En savoir plus : survoltes.fr)
  • Céléwatt : les parcs de Brengues et de Carayac (En savoir plus : celewatt.fr)

Parcs photovoltaïques à gouvernance locale de moyenne taille

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En plus de ces petits parcs qui se développent, certains territoires portent des centrales solaires de taille moyenne.

  • Ils prennent entre 2 et 5 ans à voir le jour.
  • Une capacité de production souvent entre 2 et 5 Mwc
  • Le portage est le plus souvent partagé entre la coopérative citoyenne locale et les collectivités publiques.
  • Un opérateur privé est parfois associé au portage du projet (pour accélérer le projet, notamment son financement et le portage technique).
  • Les collectivités locales peuvent jouer plusieurs rôles dans le projets : l’initier, le co-porter, le soutenir, etc.
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Exemples concrets inspirants :

  1. Le parc photovoltaïque de Laramière : Après mise en concurrence par la Communauté de Communes, le projet de parc de de 3,4 MWc est développé par 5 acteurs partenaires : la coopérative locale (EnerCOA), le syndicat d’énergie du Lot, la Commune de Laramière et un opérateur privé (Générale du solaire) et Ouest Aveyron Communauté. (Protocole d’accord signé en 2021). En savoir plus
  2. Le parc photovoltaïque d’Albi-Pélissier : en lieu et place d’une anciene centrale à Charbo, la Ville d’Albi a décidé d’installé un parc photovoltaïque. Ce parc est porté et financé par un partenariat (via une SAS) : la Ville d’Albi, une Société d’Economie Mixte (SipENR), un opérateur privé (Irisolari), et les citoyens (via Energie Partagée). En Savoir plus.

RAPPEL : l'intérêt des projets à gouvernance locale

Par essence décentralisés et diffus, les gisements d’énergies renouvelables doivent permettre aux territoires d’organiser leur autonomie énergétique dans l’intérêt de leurs habitants. Pourtant la grande majorité de la production d’électricité renouvelable des campagnes françaises reste portée par des opérateurs privés, souvent extérieurs au territoire. Les projets initiés et maîtrisés par les acteurs locaux garantissent à l’inverse un ancrage local et participent ainsi à l’émergence d’un modèle de gestion démocratique et décentralisée du déploiement des énergies renouvelables.

La lutte contre le réchauffement climatique et le chantier de la transition énergétique concernent tous les acteurs d’un territoire. L’accélération du développement des énergies renouvelables implique l’adhésion des citoyens.  Les projets citoyens d’énergie renouvelable permettent le développement d’une culture énergétique partagée et la « mise en mouvement des citoyens » dans des dynamiques collectives positives. Ils offrent également un cadre pour lutter contre le changement climatique (enjeu mondial) par la mise en place de solutions locales portées par et pour les territoires.

La transition énergétique est une formidable chance pour le développement local de nos territoires. Il s’agit de s’assurer que la valorisation des gisements renouvelables – ressources communes appartenant à tous – maximise la création de retombées locales partagées (création d’emplois, financement d’actions de maîtrise de l’énergie, mobilisation d’une épargne utile et traçable, etc.). L’investissement participatif permet en outre de compléter les sources de financement mobilisables pour des projets qui nécessitent des investissements de départ importants.

Calendrier et méthodes pour monter ces projets

Dans les projets citoyens d’énergie renouvelable, cette phase s’ajoute au calendrier par rapport aux projets classiques. L’émergence est une phase est essentielle pour l’appropriation locale du projet. Elle permet de définir les objectifs, le groupe pilote, sa volonté de partenariat, ses valeurs et l’organisation des compétences à mettre en place (technique, animation, juridique et financière).

Selon la nature de l’initiative, la méthodologie sera différente.

  • Si c’est la collectivité locale qui est à l’origine du projet, elle pourra mettre en place des outils réglementaires pour favoriser un projet de qualité (AMI, contrôle étroit, SEM, etc.) et s’appuyer sur la coopérative locale si elle existe (sinon, l’initier !).
  • Une coopérative locale qui initie un projet de parc au sol, elle, devra avant tout s’assurer d’avoir une dynamique de groupe claire et solide pour entamer le développement du projet.

Cette phase vise à déterminer la faisabilité du projet à travers des pré-études : identifier un site favorable, réalisation d’un pré-projet, consultation des autorités administratives. Les porteurs de projet peuvent s’appuyer sur des bureaux d’étude pour réaliser cette phase. Le foncier est un élément stratégique pour assurer la maîtrise des projets. Si les résultats s’avèrent trop négatifs, le projet sera abandonné à cette étape.

A noter tout de même que des terrains qui ne seraient pas assez rentables pour un opérateur privé classiques peuvent être étudier par la coopérative et/ou la collectivité (puisque coopératives locales citoyennes sont, la plupart du temps, à lucrativité limitée).

Phase cruciale, puisque c’est au cours de celle-ci que le projet va réellement prendre forme à travers la définition de son montage juridique et financier (choix et constitution de la société porteuse de projet).

La phase de développement est également une phase dite “à risques” puisqu’il s’agit du moment où nombre de projets sont abandonnés lorsque les études et autorisations sont défavorables au projet.

Pour un parc solaire de 5Mwc par exemple, les besoins de financement du développement oscillent entre 40 000€ et 60 000€ en fonction des caractéristiques précises du projet. Le développement est, le plus souvent, financé par les fonds propres des acteurs – même si divers dispositifs d’appui au financement existent (subvention Région-Ademe pour l’aide aux études par exemple).

Un plan d’affaires prévisionnel doit  être réalisé puis complété, mis à jour, affiné, corrigé… au cours de l’avancement des études, du recueil des données techniques et économiques. Il s’agit non seulement d’un document d’analyse du projet, mais également d’un référentiel qui servira à se situer lorsque le projet aura démarré. C’est également un document de communication à destination des partenaires financiers.

Si les porteurs de projet obtiennent toutes les autorisations administratives nécessaires, ils peuvent alors entamer la phase de finalisation du financement. Le projet n’est plus à risque (même si le risque zéro n’existe pas).

Deux temps successifs sont à prévoir :

  1. Rassembler des fonds propres
  2. Puis démarcher les banques.

En règle générale, le financement d’un projet d’énergie renouvelable de moyenne ou grande dimension est constitué à 20-25 % de fonds propres (investissement citoyen, apports du secteur public ou privé) et 75-80 % d’emprunt bancaire.

Même si cette phase est souvent crainte par les porteurs de projet (va-t-on réussir à collecter assez d’épargne?), elle est en réalité rarement problématique. Le modèle économique derrière les projets photovoltaïques sont très solides et stables. Si les porteurs ont bien communiqué sur les phases précédentes, les habitants les connaissent déjà et leur font confiance : la collecte de l’épargne locale peut aller vite. Les banques, elles, sont souvent ravies de prêter pour ce type de projet.

Une fois l’intégralité des fonds rassemblés, la construction peut débuter. Les porteurs ont préalablement identifié tous les prestataires de la chaîne de construction, afin que le chantier ne prenne pas de retard et soit fluide.

Un suivi fin et une communication large autour du chantier sont des ingrédients d’une phase construction réussie.

D’ailleurs, l’ultime étape qu’est le raccordement de l’installation au réseau de distribution , est une belle occasion de célébrer une victoire collective : des festivités sous le signe de la convivialité et de la sensibilisation sont de mise.

La maintenance et le suivi de production sont nécessaires tout le long de la vie de l’installation. La mobilisation locale continue par ailleurs en actant collectivement de la manière donc les bénéfices sont affectés annuellement : financement de nouveaux moyens de production, financer des actions de maîtrise de l’énergie, rémunération des actionnaires, etc.

Passez à l'action : monter un parc solaire sur son territoire​

Avec toutes ces informations, vous voilà déjà bien partis pour initier un projet de parc solaire citoyen sur votre territoire.

Pour aller plus loin, plusieurs ressources sont à votre disposition :

  • Si vous êtes adhérent ECLR (et Énergie Partagée), rendez-vous sur l’espace adhérent pour des documents et conseils pratiques pour vous appuyer tout au long de la démarche : adherents.energie-partagee.org 
  • Inspirez-vous de ceux qui ont déjà mené ces projets, n’hésitez pas à contacter directement des porteurs de projets (Céléwatt, Les Survoltés d’Aubais, la Ville d’Albi, Ouest Aveyron Communauté, etc.)
  • Enfin, si vous le souhaitez : contactez-nous !