L’énergie solaire citoyenne

Crédits photo : ICEA

Du soleil, comme s’il en pleuvait sur l’Occitanie

L’Occitanie est naturellement gorgée de soleil. Cet ensoleillement est une richesse dont le territoire peut profiter en développant des projets photovoltaïques. La technologie photovoltaïque transforme les rayons solaires en électricité. Les panneaux peuvent être installés au sol, sur des bâtiments ou sur des ombrières de parking. Il s’agit d’une filière aujourd’hui mûre et fiable qui constitue un pilier pour la transition énergétique dans notre région. C’est également la filière la plus investie par les coopératives citoyennes !

Et les citoyens dans tout ça ?

Des citoyens se rassemblent au sein de sociétés citoyennes pour monter des projets de parcs au sol ou pour équiper des toitures. En menant de tels projets collectifs, ces citoyens n’espèrent pas devenir riches : leur objectif est d’agir pour la transition énergétique, tout en s’assurant que la richesse créée reste sur le territoire et profite au plus grand nombre. Autour de ces projets solaires, une dynamique locale remarquable se crée. Moins long à mener que d’autres projets (éoliens par exemple), le groupe de citoyens voient rapidement se concrétiser ses efforts (2 ans en moyenne, 5 ans max pour les gros projets).

Crédits photo : EnerCOA

Lorsqu’une coopérative locale décide de réaliser plusieurs toitures photovoltaïques sur différents bâtiments de son territoire, cela permet d’équiper des toits (privés ou publics) qui ne seraient pas traités par des acteurs privés classiques (parce que pas assez rentables). En groupant plusieurs toitures dans le même plan d’investissement, il est possible d’économiser des coûts et de dimensionner le projet de telle sorte que des toitures moins rentables sont compensées par d’autres plus grandes.

Puisque ce modèle a été investis par de nombreuses coopératives, les ressources sont très nombreuses sur l’espace adhérent.

Crédits photos : Céléwatt

Certaines coopératives locales mènent des projets de parc photovoltaïque de différentes tailles. Ces projets sont financés par l’épargne locale, complétée par d’autres sources de financement (Énergie Partagée Investissement, emprunt bancaire, etc.).

Ces projets s’inscrivent dans la charte des projets citoyens. Ils sont localisés et dimensionnés pour respecter une forte exigence écologique. Ils sont aussi de véritables objets de collaboration locale (citoyens, agriculteurs, collectivités, entreprises locales, etc.).

 

Aussi appelée « ombrières de parking », ces structures sont des toitures légères sur piliers, qui rendent service aux usagers des véhicules stationnés en dessous (ombre, abri de pluie).

Le gros avantage de cette production photovoltaïque est que, par définition, elle s’installe sur une zone déjà artificialisée.

Pour monter ces projets, le porteur doit prévoir l’intervention de la compétence en Génie Civil, puisque l’architecture doit être optimisée et sécurisée (notamment par rapport à la prise au vent).

 

Découvrez le guide « Montembrières photovoltaiques citoyennes »

Zoom sur deux projets d’énergie solaire citoyenne

EnerCOA - Grappe photovoltaique

EnerCOA est la coopérative locale active dans l’Ouest Aveyron. Avec le statut de Société Coopérative d’Intérêt Collectif, elle associe les habitants, les associations, les collectivités locales et entreprises du territoire.

EnerCOA mène un projet de grappe photovoltaïque, soutenu par la Région Occitanie et l’Ademe.

En plus des projets portés par la coopérative, EnerCOA accompagne également ses sociétaires dans l’équipement de leurs propres toitures.

Chiffres clés (en 2021) :

    • 230 sociétaires
    • Une opération de 11 toitures à 768 000€
    • Possibilité de devenir sociétaire pour 100€ (prix d’une part)
    • 3 toitures déjà installées en 2022

 

Rôles des collectivités dans le projet :

  • Mise à disposition des toitures publiques (convention d’occupation)
  • Prise de parts sociales
  • Accompagnement par les services

Survoltés d'Aubais- Parc photovoltaique

survoltes_aubais_photo_collective_parc_solaire_agathe_salem_1024px_web
Crédits photos : Agathe Salem

Comme leur nom l’indique, le collectif des Survoltés d’Aubais officie dans le Gard. Ce groupe d’habitants qui s’étaient d’abord mobilisés contre le gaz de schiste s’est ensuite consacré à l’installation d’un petit parc photovoltaïque sur une ancienne décharge.

Le parc du « Watt Citoyen » est installé depuis 2018. Le collectif rayonne en Occitanie et au-delà : cette réussite a essaimé et les « petits parcs » comme celui d’Aubais se développent de plus en plus.

Chiffres clés (en 2021) :

    • 300 sociétaires
    • Une opération financée sans emprunt bancaire
    • Investissement total de 340 000€ dont 220 000€ d’épargne citoyenne
    • Puissance de 250KWc et production annuelle de 378 000KWh/an
    • Soit la consommation de 150 foyers (hors chauffage)

Rôles des collectivités dans le projet :

  • Fort soutien de la Région Occitanie (100 000€)
  • Soutien de la Mairie d’Aubais
  • Accompagnement par les services

 

 

AUTOCONSOMMER OU VENDRE L'ELECTRICITE SOLAIRE ?

Le projet de l’énergie citoyenne c’est une transition énergétique portée par le territoire et au service du territoire. A partir de ce bel objectif, plusieurs questions reviennent souvent : cette électricité produite localement, où va-t-elle au juste ? Qui est-ce qui la consomme ?
 

Ce n’est pas forcément intuitif, mais dans nos projets, il faut distinguer plusieurs circuits :

  • le circuit électrique : Comment l’installation est-elle raccordée ? Et qui va consommer l’énergie produite ?
  • le circuit juridique : Quelle structure porte le montage du projet ? Et quelle structure « exploite » ensuite l’installation ?
  • et le circuit économique : Qui achète l’électricité à qui ? Et qui la revend ?

Si l’électricité produite est toujours consommé au plus court, et donc en local, les choix de structure juridique et de circuit économique, eux, sont un tout autre sujet. Aujourd’hui, la plupart des coopératives fait le choix de vendre l’électricité à un fournisseur : le tarif de vente étant fixé sur 20 ans, la société citoyenne bénéficie alors d’un modèle économique robuste et stable. Cela lui permet de planifier de nouveaux projets d’énergies renouvelables dès que les premiers sont installés.

Les 4 types de montages

Vente totale : vendre tout ce qu'on produit

L’installation est raccordée au réseau Enedis et tout ce qui est produit est vendu à un fournisseur (EDF, Enercoop, ou un autre) qui, lui-même, le revendra à des usagers. Les tarifs d’achat proposés sont sur de longues périodes qui dépassent largement le temps d’amortissement de l’installation. Comme les kilowatt heure vont « au plus court », l’énergie produite sera consommée par un usager proche de l’unité de production.

Vente partielle : vendre tout ce qui n'est pas consommé sur place

L’installation est raccordée au réseau domestique et au réseau national. Une partie de ce qui est produit est vendue à un fournisseur (à bas prix) qui, lui-même, le revendra à des usagers. Sur ce modèle, l’enjeu est de bien dimensionner la répartition entre ce qui est consommé sur place et ce qui est vendu, à partir des usages réels (ou avec l’objectif de diminuer sa conso).  Bien souvent, ce choix n’incite pas à optimiser la toiture d’un point de vue énergétique, mais plutôt économique.

Autoconso individuelle : consommer ce qu'on produit

L’installation est raccordée au réseau domestique et n’alimentera que vos usages. Le hic c’est que les panneaux produisent dans la journée (quand il y a du soleil) et que si l’énergie n’est pas consommée instantanément, elle est perdue. L’autoconsommation individuelle pour les particuliers est bien souvent une fausse bonne idée : l’installation est rarement rentable. Par contre sur des bâtiments qui « vivent » en journée (écoles, administrations, commerces, etc.) cela peut être intéressant, notamment pour faire baisser sa facture et revoir ses consommations.

Autoconso collective : le quartier consomme ce que le quartier produit

Plus récent, ce modèle met en relation des producteurs et des consommateurs à l’échelle d’un quartier ou d’une copropriété. Ainsi, tout ce qui est produit sur les toits locaux est consommé par les résidents. Ces nouvelles communautés énergétiques incarnent le principe même de circuit-court de l’énergie. Ces initiatives, pour aller dans le sens de l’énergie citoyenne, doivent être accompagnée par une gouvernance locale et une montée en compétence du voisinage. Le montage juridique et la gestion courante de l’autoconsommation collective sont complexes et pas forcément stables (par exemple, si plusieurs personnes déménagent et sortent de la boucle de consommation, tout le modèle est à revoir).