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Focus photovoltaïque | Comment faire du « MADE IN FRANCE » de l’achat à l’installation ?

« C’est simple ! Tous les panneaux solaires viennent d’Asie. Enfin non. Juste les composants. Mais les panneaux aussi parfois. Mais certains viennent d’Europe, voire de France. En tout cas, tu peux choisir des installateurs français. Il existe plein d’entreprises locales.

Et on recycle en France je crois.

Euh, attends, je vérifie. »

Réponse fréquente à la question « Vos panneaux, ils sont made in France ? »

Les offres de panneaux photovoltaïques sont nombreuses, et il est difficile de s’y retrouver. Surtout lorsque l’on entend que les panneaux viennent en majorité d’Asie, occasionnant une pollution pour être produit et acheminés. Tout cela semble contraire au principe même des énergies citoyennes, locales et renouvelables ! Et une fois que les panneaux sont achetés, évidemment, on souhaiterait qu’ils soient installés par une entreprise locale, vraiment locale. 

Alors, voici un petit état des lieux pour vous guider dans vos choix d’équipement de panneaux solaires.
Et en bonus, deux retours d’expérience toujours bien utiles !

Les panneaux photovoltaïques

Et c’est sans surprise que l’on trouve dans le top dix des plus gros fabricants mondiaux de modules photovoltaïques… neuf industriels chinois et un sud-coréen selon le classement publié par Tecsol en 2018. La Chine semble bel et bien avoir gagné la bataille du photovoltaïque pour l’instant.
Pour citer quelques fabricants français, il y a  Systovi, REcom-Sillia, VHM, Sunpower, Photowatt, Voltec.
Plus largement en Europe, nous retrouvons Solarwatt, Leosolar et Q-cells (Allemagne), Eurener (Espagne) et Bisol (Slovénie). Il est toujours recommandé de se renseigner sur les origines et l’expériences des entreprises que l’on sollicite pour un produit et une technologie bien définie afin d’en savoir plus sur leur politique d’emploi et de fabrication.

Ci-dessous, un graphique qui rassemble les lieux de production des modules photovoltaïques.

À noter que certains fabricants ont plusieurs usines dans des lieux différents.
C’est le cas de Sunpower (Total), qui possède deux sites d’assemblage en France : De Vernejoul en Moselle et Toulouse, mais qui a considérablement réduit ses effectifs en France et préfère assembler dans son usine du Mexique, à moindre coûts. BenQ également, a des usines en Europe, en Chine, à Taïwan et aux Etats-Unis.

Pour ce qui est des cellules en elles-mêmes, il est bien plus ardu de trouver un producteur local. Seul Photowatt les produit en France… mais il reste possible de trouver des panneaux dont les cellules viennent d’Allemagne, d’Italie ou encore de Pologne.

Peu d’entreprises européennes de panneaux solaires ont survécu à ces dix dernière années, et pour cause, un marché européen du photovoltaïque en difficulté, une demande éparse et une concurrence étrangère rude. En Asie les fabricants produisent dans des usines de capacités au moins dix fois supérieures et bénéficient de fortes économies d’échelle. 

UN EXEMPLE |  L’ex leader français, Photowatt, qui a été racheté par EDF EnR en 2018, était en redressement judiciaire depuis 2011, ne pouvant faire face à ce contexte trop peu propice à la compétitivité.

Il est clair que le prix des panneaux chinois est bien inférieur (de 35% selon certaines sources ) et cela ne risque pas de changer. Les mesures anti-dumping, qui visaient à protéger l’industrie solaire européenne des panneaux chinois ont été supprimées en 2018, jugées contre-productives par les installateurs de panneaux qui ne pouvaient pas profiter de produits meilleur marché. Ainsi, la commission a trouvé que la fin de ces mesures était dans l’intérêt de l’UE, compte tenu des objectifs de développement des énergies renouvelables.

Il est primordial de d’interroger sur la fiabilité financière de l’entreprise, qui prend les décisions ? Il y a t il des actionnaires ? Quels sont les actionnaires majoritaires ? Le dirigeant a t -il changé récemment ? Est-ce une maison mère ou une filiale ? Qui porte la garantie du produit ?

A savoir qu’un dirigeant historique est garant d’une certaine qualité de production et se laisse moins influencer par des propositions de rachat de l’entreprise. Un bonne santé financière est signe de décisions stratégiques adaptées mais il ne faut pas négliger le mode de gouvernance, qui traduit les valeurs propres de l’entreprise.

Ensuite, la fiabilité des produits s’évalue selon l’origine des composants, la qualité des cellules et les soudures, les technologies disponibles et la mesure des impacts environnementaux comme le bilan carbone… \!/ Point de vigilance : le calcul de bilan carbone de mêmes modules peut varier selon si le distributeur répond à un appel d’offre ou effectue une vente directe.

Par ailleurs, ce qui peut faire pencher la balance sur projet planifié est la fiabilité de l’approvisionnement. Quelle est la capacité d’approvisionnement du distributeur et surtout ses délais ?

Pour finir, la fiabilité des prix, quel est le prix au Watt crête et le prix logistique (transport, douanes..) ?

/!\ Concernant les labels, il faut être vigilant, certains promettent une “Origine Française” ou garantissent une fabrication française des panneaux là où seul l’assemblage des modules est réalisé en France.  /!\ 

En réalité, il n’existe aujourd’hui aucun label certifiant l’origine complètement française de panneaux photovoltaïques.

 

Les onduleurs

Source du Schéma : Sun-Capital

Rappel : L’onduleur est un petit boitier métallique qui accompagne toute installation photovoltaïque. Il fait le lien entre les panneaux solaires et le réseau. Il transforme le courant continu des panneaux, en courant alternatif requis par le réseau électrique.

Pour ce qui est des onduleurs, il existe des producteurs français.

À St Michel de Boulogne en Ardèche, chez l’entreprise familiale CEFEM, on produit des onduleurs “made in France”. Leur spécificité : ils sont réparables avec la possibilité de remplacer les pièces les plus fragiles.

En Europe, on trouve d’autres producteurs, tels que les allemands Fronius et SMA, ou encore SolarEdge dont la production destinée au marché français vient de Hongrie.

Les installateurs

Tout l’intérêt d’une société coopérative locale, c’est que ce sont les habitants et les collectivités qui sont maître d’œuvre sur le chantier. C’est donc plus facile de s’assurer que le chantier soit géré par des prestataires locaux. Il faut être attentif aux contrats signés avec les différents prestataires, en particulier sur des « gros » chantiers, même si ce sont des acteurs locaux.

RETOURS D'EXPERIENCE

TÉMOIGNAGE | Antoine Rousseau du Watt Citoyen

Sur la fabrication des panneaux , le collectif a choisi des panneaux SunPower pour leur durabilité, leur puissance et leur provenance (assemblés à Toulouse). Malheureusement, à la livraison, nous nous sommes rendus compte que leurs panneaux venaient tout droit de l’usine Sunpower… du Mexique ! 

Concernant l’étude, c’est une entreprise de Montpellier qui s’en est chargée. Par contre, le chantier à été confié, avec leur supervision, à un autre prestataire qui a lui même sous-traité avec une entreprise espagnole. Ainsi des travailleurs détachés non salariés en France sont arrivés sur le chantier. Un inspecteur de la DIRRECTE a remonté les bretelles du Watt Citoyen, qui restait maître d’œuvre. Finalement tout est rentré dans l’ordre mais cette expérience montre qu’il faut prendre des précautions :

  • être clair sur vos exigences face aux partenaires techniques
  • ne pas hésiter à mettre des clauses écrites dans les contrat avec des prestataires (surtout si vous ne les connaissez pas).
  • si possible, ne pas signer de contrat directement avec les entreprises de travaux public ou d’ingénierie : passer par un contrat de maîtrise d’oeuvre.

TÉMOIGNAGE | Bertrand Delpeuch de CéléWatt

Dans le cadre de la construction de leur parc solaire citoyen de 250Wc à Brengues, CéléWatt a dû se poser les bonnes questions.

Sur la fabrication des panneaux , d’une part : “les nôtres viennent de Thaïlande après que nous avons cherché des pistes en France ou Europe (plus beaucoup d’assembleurs), considéré que le bilan carbone de panneaux arrivant tout montés était équivalent sinon meilleur que celui de ceux montés en Europe avec des pièces importées d’Asie, que cette phase était très robotisée donc peu génératrice d’emploi à la différence des phases d’étude puis de montage de l’installation.”

Concernant l’étude et le montage du parc, Bertrand explique:  “nous souhaitions une entreprise locale, travaillant avec des salariés employés avec charges sociales payées en France (pas des intérimaires ou travailleurs détachés). Mecojit, notre installateur local, nous a garanti cet aspect (oralement, donc en confiance; pas une clause écrite dans le devis accepté), y compris pour Mécoworks, l’entreprise sous-traitante qui a pris en charge le montage. En l’occurrence ce n’était pas pour nous une question « identitaire » (les monteurs étaient lusophones) mais de justice sociale (ils étaient tous employés de droit français par une société toulousaine).”

“Nous avons fait le même choix de favoriser l’activité locale pour les entreprises en charge de la préparation du terrain, de la clôture, des forages…idem pour la comptabilité et le notaire”.

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